Sesslà a rejoint notre paroisse il y a environ un an. Elle est diplômée dans le tourisme et engagée auprès de l’Entraide protestante, notamment dans l’accueil qui se fait au moment des distributions alimentaires le vendredi.
Ayant grandi à Madagascar, je voudrais vous partager la vie de mon Eglise locale. Celle-ci fait partie des Eglises protestantes et s’appelle FLM (Fiangonana Loterana Malagasy) ce qui signifie Eglise Luthérienne Malgache. J’ai d’abord reçu un enseignement religieux dans ma ville natale à Morondava puis je suis allée dans la capitale à Antananarivo où j’ai fait mes études supérieures.
A savoir qu’à Madagascar les Eglises sont très présentes et qu’il y a de nombreux pasteurs et personnes engagées au service de l’Eglise. Les lieux de cultes sont facilement repérables et se distinguent des autres bâtiments. Les cultes sont célébrés tous les dimanches matins et il arrive parfois qu’il y ait plusieurs célébrations le même jour suivant la foule, les quartiers et les fêtes religieuses. En dehors de ce rendez-vous hebdomadaire, les paroisses sont animées le reste de la semaine par les différents groupes chrétiens (chorales, associations, prières, groupe de jeunes…). Le déroulement du culte dans cette église luthérienne malgache commence par des sons de cloche, puis un chant accompagné par une chorale ou seulement par un instrument ou d’autres chants prédits. On retrouve des instruments semblables à ceux des églises protestantes unies de France comme l’orgue ou le synthétiseur. Les églises dans lesquelles je suis allée recevaient beaucoup de monde, ce qui impliquait de l’organisation. Le pasteur est épaulé par des personnes qualifiées au service de l’Eglise (les mpiandry). Celles-ci ont un nom qui les qualifie selon leur rôle et certaines prennent part dans le déroulement du culte (prières, lectures bibliques…). Ces personnes se distinguent généralement par une tenue vestimentaire. A ce propos, j’ai remarqué qu’ici en France la robe pastorale n’était pas obligatoire pour les pasteurs lors des cultes alors qu’à Madagascar elle l’est. Le taux de fréquentation est grand à tel point qu’il faut venir de bonne heure avant le début du culte pour y trouver une place assise. Lors des évènements comme la sainte cène, les baptêmes ou les confirmations, le nombre de participants peut doubler. La prise de parole lors des annonces dure bien souvent plusieurs minutes, ce qui laisse du temps aux paroissiens qui en profitent pour sortir prendre l’air ou pour faire de la monnaie qui servira aux offrandes juste après. Les corbeilles mises à disposition au moment de l’offrande sont différenciées de manière à savoir pour quelles actions les gens souhaitent donner (paroisse, associations, baptêmes…). Durant l’offrande, la chorale chante et pendant ce temps les paroissiens se déplacent de manière organisée pour venir déposer leurs dons dans les différentes corbeilles. Enfin une bénédiction a lieu pour clôturer ce moment.
L’église FLM où j’étais, pratique aussi le « fandroahana devoly » qui correspond plus ou moins à l’exorcisme. Ce sont surtout les mpiandry qui s’en occupent en fin de culte ou en fonction du programme de l’Eglise. A savoir que ce n’est pas obligatoire et qu’il peut être pratiqué à domicile en dehors des heures des cultes. Autre remarque, les personnes invitées à prendre la sainte cène doivent être obligatoirement baptisées et confirmées. Bien qu’il fasse très chaud dans certaines régions du pays, les tenues vestimentaires jouent un rôle pour se rendre à l’Eglise. Pour nous, aller à l’Eglise c’est comme aller dans la maison de Dieu, ce qui signifie une maison sacrée, qui mérite un habit respectable. Ces petites différences ne changent pas pour autant le déroulement d’un culte comme nous le célébrons dans notre paroisse au Havre mais je vous invite à venir découvrir nos célébrations à Madagascar pour vous faire une réelle idée de ce qu’il en est !
Sesslà Rafanomezatiana