Enfance

« Jésus grandissait en taille, en sagesse et en grâce aux yeux de Dieu et des hommes ». Histoire de l’enfance de Jésus 19,4 (apocryphe dit aussi « Selon Thomas »).

La rentrée approche quand j’écris cette page. Les enfants passent devant ma fenêtre, accompagnés de parents affairés, les bras chargés de tout ce que réclame l’acquisition du savoir. L’école voisine ouvre ses fenêtres et se prépare à recevoir ses élèves…. Par association d’idées, la rentrée m’a amenée à rechercher ce qu’on peut savoir de l’enfance de Jésus. Peu de choses dans les Evangiles « officiels », mais plusieurs des textes apocryphes présentent de façon vivante le petit enfant, particulièrement
l’Évangile du pseudo-Matthieu, l’Histoire de l’enfance de Jésus (connu aussi sous le nom d’Évangile de l’enfance selon Thomas) et l’Évangile de l’enfance en langue arabe.

Certains textes s’ingénient à multiplier les anecdotes où Jésus n’est pas très sympathique, où il exprime sa puissance, humiliant ici son maître d’école, foudroyant là un garçon lui ayant manqué de respect. Parce qu’il fait usage de ses pouvoirs de manière immodérée, le petit Jésus est consigné à la maison par Joseph, qui n’hésite pas à lui tirer l’oreille. Dans d’autres, l’auteur insiste sur l’aspect unique de Jésus, qui se livre déjà tout petit à des miracles vindicatifs ou spectaculaires qui ne visent de toute évidence qu’à impressionner le public (et le lecteur). Ailleurs, on le montre comme un enfant « normal », jouant avec ses copains, curieux et un peu rebelle, faisant une fugue, mais aussi aidant son père dans l’atelier.

Tout porte à penser que l’enfance de Jésus a été on ne peut plus banale. Élevé au sein d’une famille juive pauvre, observant scrupuleusement les rites religieux, il a ertainement suivi le parcours classique des enfants de son milieu. Son père, qui le voit intelligent, l’envoie apprendre auprès de maîtres, à lire et peut-être écrire, sans pour autant qu’il oursuive ses études. Jésus, enfant-Dieu, porte déjà en lui la certitude de sa filiation divine; mais enfant humain, il évolue peu à peu en sagesse comme en savoir. Comme nos propres enfants, en quelque sorte. « Mon petit Jésus », dit la Maman à son bébé. Pour elle, il est une des merveilles du monde, le plus beau et le plus intelligent à ses yeux comme à ceux du Papa. Peu importe si c’est vrai… Le rôle (si difficile) des parents est d’accompagner l’enfant dans son évolution, de l’amener vers son accomplissement et son indépendance, pour le pousser doucement hors du nid quand lui, l’enfant devenu grand, semble prêt à se lancer dans le monde. « Que Dieu nous vienne en aide », dit notre  iturgie; et ce ne sera pas de trop pour espérer faire de ce bébé une femme ou un homme accompli. 

Claudine Tétrel, prédicatrice laïque

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